Nate Osborne
Doctorant
26 septembre 2014
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Nate a passé les 3 premières semaines de septembre en France. Son séjour visait à préciser les termes de la collaboration entre le LERFoB et l’université de l’Orégon à Corvallis (OSU ; http://oregonstate.edu/) et particulièrement avec la Faculté de Foresterie (http://oregonstate.edu/research/college-forestry) et le Professeur Doug Maguire (http://ferm.forestry.oregonstate.edu/facstaff/maguire-doug) responsable de la coopérative de données sylvicoles CIPS (http://www.fsl.orst.edu/cips/), dédiée particulièrement au Douglas, et qui a inspiré notre GIS “Coopérative de données sur la croissance des peuplements forestiers”. Celui-ci fête ses 20 ans d’existence (http://agriculture.gouv.fr/Experimentation-de-sylvicultures).
Avec la fin de la première semaine, Nate a fait une présentation au colloque LabEx des docs et post-docs. Cette présentation a mis en valeur notre projet de collaboration visant à améliorier les modèles d’angle de branche et de courbure des nœuds du Douglas à partir de données recueillies par le tomographe du plateau de Xylosciences.
La seconde semaine a été consacrée à l’introduction d’une version simplifiée, c’est-à-dire ne comprenant pas les éclaircies, du modèle de croissance ORGANON (http://www.cof.orst.edu/cof/fr/research/organon/) dans CAPSIS (http://capsis.cirad.fr/capsis/home).
La troisième semaine a permis de préciser l’échantillonnage de Douglas commun à la collaboration avec Nate et au contrat ModelFor, notamment par une visite en forêt du Grison (au nord de Cluny), les possibilités d’interprétation automatique des images scanner (collaboration LERFoB-INRIA) et les perspectives en matière d’utilisation du modèle ORGANON en France.
Ci-dessous est l’interview qu’il nous a accordée récemment.
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D’où êtes-vous originaire ?
Je suis né à Winston-Salem en Caroline du Nord dans le sud-est des États-Unis.
Pouvez-vous nous décrire votre formation et ce qui vous a amené à travailler avec le LERFoB à l’INRA ?
Tout a commencé au cours de mes études supérieures à la « North Carolina State University ». J’ai eu la chance d’être impliqué dans un programme de collaboration entre les Etats-Unis et l’Europe. Ce programme m’a permis de travailler et de séjourner à l’Université d’Helsinki en Finlande où j’ai obtenu un second diplôme de maîtrise ès sciences. Après ma maîtrise, j’ai quitté la côte Est pour le Nord-Ouest des Etats-Unis pour préparer mon doctorat à l’Université de l’Orégon (OSU) à Corvallis sous la direction du Professeur Doug Maguire. C’est à cette époque que j’ai rencontré Francis Colin, chercheur au LERFoB, qui visitait OSU et la « Cooperative for Intensive Silviculture (CIPS). La CIPS finance mon doctorat. Quelques mois après sa visite, Francis nous a invité, Doug Maguire et moi, à participer au Congrès IUFRO-MeMoWood qu’il co-organisait à Nancy. Le bon déroulement de mon séjour en Finlande m’avait fortement motivé pour poursuivre ce type de collaboration internationale en France. Lors de l’atelier MeMoWood, nous avons donc planifié un projet de collaboration visant à partager nos expertises. Mon séjour de trois semaines à l’INRA Nancy-Lorraine et au CIRAD-AMAP à Montpellier est la première étape de ce projet collaboratif.
Parlez-nous de vos recherches – quelle est votre spécialité et pourquoi est-ce important ?
Mes études de doctorat portent sur la modélisation des structures macroscopiques du bois de Douglas. En ce moment, je me concentre sur la description de la courbure des nœuds. Les nœuds sont les parties du bois formées par la jonction entre les cernes de bois des branches et celles du tronc. Les nœuds, ainsi que d’autres structures macroscopiques (duramen, aubier, noyau juvénile, etc) provoquent des irrégularités dans les propriétés des billons de bois qui impactent leur utilisation finale et leur valeur marchande. Heureusement, la plupart des caractéristiques macroscopiques du bois de Douglas peut être contrôlée par le biais de la gestion forestière. Mon projet de recherche vise donc à améliorer notre capacité d’estimation de la qualité du bois par modélisation à l’aide du simulateur de croissance et de production ORGANON. Vous pouvez en savoir plus sur ORGANON en consultant le site suivant : www.cof.orst.edu/ cof/fr/recherche/organon. Forestiers, étudiants, et scientifiques peuvent utiliser ORGANON pour examiner les conséquences de la gestion forestière sur la qualité et la production de bois. La quantification de la production et de la qualité du bois est essentielle à toute évaluation économique de la forêt. Je suis convaincu que l’évaluation économique des stratégies de gestion forestière est un préalable essentiel afin de garantir la gestion durable des forêts.
Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la forêt, au bois et à sa formation/ caractérisation – plus précisément à la modélisation ?
Je suis depuis toujours intéressé par la possibilité de résoudre les problèmes de la sylviculture appliquée au moyen d’outils quantitatifs. Au cours de mon doctorat, j’ai pu me focaliser sur la modélisation grâce au Professeur Maguire et ce dans le cadre du programme de dendrométrie à OSU (voir : http://ferm.forestry.oregonstate.edu/graduate/forest-biometrics-and-geomatics). Durant ma première année de doctorat, j’ai passé une grande partie de mon temps à suivre des cours de statistiques et à terminer différentes activités pour notre coopérative. A la fin de ma première année, j’ai assisté à la Conférence MeMoWood à Nancy. Cette conférence a été conçue pour favoriser le lien entre science du bois et modélisation forestière. A l’issue des discussions conduites lors de cet atelier, mon projet de doctorat a pris une nouvelle orientation. Il s’agissait de renforcer la capacité d’estimation de la qualité du bois de Douglas à l’aide du simulateur ORGANON.
Pour vous, quels sont les enjeux de la recherche scientifique sur le bois et la forêt ?
De nos jours, il reste une multitude de questions importantes à aborder en sylviculture. Parmi les objectifs prioritaires, il me semble qu’il faut :
- Encourager le transfert d’information depuis les centres de recherche vers les praticiens et le grand public,
- Améliorer la communication scientifique et la collaboration transdisciplinaire,
- Regrouper les recherches scientifiques dans des systèmes décisionnels.
Les projets en cours à l’INRA vont dans ce sens. Par exemple, la plate-forme Capsis, gérée par François de Coligny, aborde l’agrégation des connaissances scientifiques dans un support d’aide à la décision. Capsis est une plate-forme de simulation de la croissance des arbres et de la dynamique des forêts (voir Capsis à: http://capsis.cirad.fr/capsis/models). Pendant mon séjour en France, le simulateur ORGANON a été intégré dans Capsis. La collaboration future entre l’OSU et les laboratoires de l’INRA sera confortée à travers le développement du système Capsis.
Des conseils pour les jeunes chercheurs ?
Il me semble important de poursuivre des objectifs bien définis et réalistes. Il est indispensable d’être pragmatique et de à travailler dans un but précis. Mais quand vous n’êtes pas au travail, ne travaillez pas ! Ceci dit, n’hésitez pas à prendre des risques. Une fois les moments d’incertitude dépassés, la prise de risques est très gratifiante.
Pourriez-vous commenter l’idée de collaboration en sciences ? Comment est-ce que cela a joué un rôle dans vos travaux les plus récents ?
Le tout est plus grand que la somme de ses parties. En collaborant, nous augmentons la qualité et l’intérêt de notre travail. Les collaborations nous permettent d’accéder à de nouvelles informations et de profiter de nouvelles expertises. Les possibilités et les opportunités de recherche augmentent au fur et à mesure que notre réseau de collaboration se développe. La collaboration entre OSU et l’INRA est une belle illustration de l’intérêt des collaborations scientifiques. Travailler avec l’INRA a considérablement amélioré la qualité et les possibilités de mon projet de doctorat. Avant de travailler avec l’INRA, je n’étais pas au courant de la possibilité d’utiliser la tomographie assistée par ordinateur dans le traitement des données sur le bois et son application à la modélisation forestière. Cette information, ainsi que les discussions avec Francis Colin lors de mon comité de thèse, a grandement amélioré la qualité et les perspectives de mon projet. Les applications de mon projet de thèse sont amplifiés par mon intégration dans la communauté internationale des utilisateurs de Capsis.
Enfin, quels sont vos projets scientifiques pour l’avenir (à court ou long terme) ?
Je ne sais pas où mon carrière scientifique me mènera. Mais là où je serai, je m’efforcerai d’engager des recherches pour mettre au point des scénarios sylvicoles qui aient de bonnes chances d’être appliquées et d’améliorer la gestion des forêts.