Doctorant
4 février 2015
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Emeline Hily est jeune chercheuse en économie de l’environnement au Laboratoire d’Economie Forestière. Ses recherches portent sur le développement d’incitations financières pour encourager les propriétaires forestiers à protéger la biodiversité sur leurs terrains dans un contexte de changement climatique.
En septembre dernier et en collaboration avec six autres doctorants et post-doctorants financés par le LabEx, Emeline a organisé les premières journées Doctorants/Post-doctorants du LabEx ARBRE.
Récemment, Emeline a également suivi la formation Sciences et Médiation, un projet qui propose aux doctorants de l’Université de Lorraine de se préparer à la rencontre de publics non scientifiques.
Emeline réalise sa thèse dans un contexte interdisciplinaire, dans le cadre d’une collaboration entre le LERFoB et le LEF.
Ci-dessous est l’interview qu’elle nous a accordée récemment.
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D’ou venez vous?
Je suis originaire de Lorraine. Je suis née à Metz et ai vécu toute mon enfance et mon adolescence dans une petite ville de Meurthe et Moselle: Pont-à-Mousson.
Pouvez-vous nous décrire votre formation jusqu’à présent (votre parcours) – et ce que vous ont amené à travailler avec LEF à l’INRA ?
Après mon baccalauréat scientifique, j’ai étudié deux ans en Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles. C’est un cursus très spécifique à la France qui a pour but de conduire les étudiants à intégrer – entres autres – des écoles d’ingénieur.
J’ai poursuivi mes études à AgroParisTech, une école d’ingénieur généraliste formant ses étudiants pour les métiers des sciences du vivant. Après une année généraliste en Ile de France, j’ai suivi pendant 8 mois la formation des ingénieurs forestiers sur le site AgroParisTech de Nancy. Pendant ce temps, j’ai été formée à l’écologie forestière et à la gestion des milieux naturels.
J’ai ensuite effectué un semestre Erasmus à l’Université de Wageningen, au Pays-Bas, au cours duquel j’ai suivi des cours en économie, économie et politique de l’environnement. J’ai achevé ma formation de second cycle par un Master en économie de l’environnement et du développement durable que j’ai suivi à Paris sur le site AgroParisTech du Maine.
Après ce Master, j’ai souhaité poursuivre ma formation par un doctorat en économie de l’environnement. Etant particulièrement intéressée par les questions forestière et de biodiversité, j’ai contacté le LEF afin d’y faire mon stage de Master 2 et j’ai eu la chance de pouvoir débuter une thèse dans ce laboratoire à l’issu de mon stage de fin d’études.
Parlez-nous de vos recherches – quelle est votre spécialité et pourquoi est-ce important
Mes recherches portent sur la définition de paiements incitatifs pour la conservation de la biodiversité dans un contexte de changement climatique.
Conserver la biodiversité est essentiel car elle est à l’origine de nombreux services rendus à l’Homme par la Nature. Cependant, protéger la biodiversité coûte de l’argent mais n’en rapporte pas : par exemple le propriétaire qui accepte de ne pas couper certains arbres âgés parce qu’à l’avenir ils pourraient constituer un réservoir de biodiversité perd de l’argent. Ces propriétaires ne sont pas récompensés pour leur « bonnes actions » et cela explique qu’ils sont moins nombreux que nécessaire à participer à la conservation de la biodiversité.De plus, face au changement climatique, la conservation de la biodiversité devient plus urgente encore.
Mon travail consiste à définir des incitations financières récompensant les propriétaires forestiers souhaitant participer à la conservation de la biodiversité et ce, afin qu’ils soient plus nombreux. Ces incitations financières doivent être adaptées à la diversité des propriétaires qui sont plus ou moins bons gestionnaires de l’environnement, plus ou moins attachés à la biodiversité et donc plus ou moins enclins à la conserver. Chaque propriétaire doit être payé au juste prix afin de dépenser l’argent public de façon « parcimonieuse ». De plus, je dois inclure dans la définition des paiements un système de contrôle « anti-fraude » afin d’empêcher les candidats d’obtenir des paiements supérieurs à ce qu’il leur est dû, là encore afin de dépenser judicieusement l’argent public. La définition de ces paiements doit être évolutive afin de s’adapter au changement climatique.
Enfin, je dois définir ces incitations de façon à amener les propriétaires à se coordonner afin de mettre en place des corridors écologiques qui permettront aux espèces de se déplacer au cours du changement climatique.
Quand êtes-vous tout d’abord devenu intéressé à l’économie de l’environnement, l’économétrie appliquée et les services éco-systémiques ?
De façon générale j’aime les activités d’extérieur, passer du temps dans la nature et je me sens très concernée par les questions environnementales. Mais c’est pendant ma formation à AgroParisTech que j’ai découvert la forêt sous un autre angle. J’ai pu comprendre à quel point c’est un milieu complexe, riche mais pourtant méconnu. L’Homme tire énormément de bénéfices de la forêt mais fait en comparaison peu d’effort pour la préserver. De par cette formation j’ai été encore davantage sensibilisée aux enjeux de préservation de la biodiversité et je souhaitais vivement m’y investir.
Parallèlement, c’est également à AgroParisTech que j’ai découvert les sciences économiques et en particulier l’économie de l’environnement. Je me suis passionnée pour cette discipline dont l’objectif est justement de faire prendre conscience à l’Homme de l’importance de l’environnement et des ressources naturelles dans la bonne marche des sociétés humaines. C’est la multitude d’outils disponibles et la possibilité de les appliquer au sein de politiques environnementales visant à faire changer les comportements qui m’ont convaincu de m’engager dans cette discipline.
Pour vous, quel est l’avenir de la science et des études l’économie de l’environnement ?
Comme c’est le cas pour d’autres disciplines, le changement climatique est un des sujets majeurs étudié par les chercheurs en économie de l’environnement au cours de ces dernières années. Savoir comment nos sociétés vont pouvoir s’adapter mais aussi atténuer les effets du changement climatique est crucial. Cette question concerne de multiples thématiques couvertes par l’économie de l’environnement telles que l’énergie, la conservation de la biodiversité, les transports, l’agriculture, etc.
Du fait qu’elle fournit des outils et conseils pour la mise en place de politiques publiques, notamment environnementales, la recherche en économie de l’environnement a une opportunité et une responsabilité importante dans la modification des comportement dans nos sociétés face au changement climatique.
Des conseils pour les jeunes chercheurs ?
Je ne sais pas vraiment si je peux donner des conseils à de jeunes chercheurs puisque je suis moi-même une toute jeune chercheuse : je termine tout juste ma première année de doctorat ! Néanmoins, je pense que dans le milieu de la recherche, il faut être patient, persévérant mais aussi savoir souffler de temps en temps. Dans ma discipline, et en particulier quand on fait une thèse théorique, il y a une grande part de créativité : il faut accepter que l’écriture d’un modèle prend tu temps, et qu’une fois écrit, celui-ci ne sera- la plupart du temps -jamais abouti du premier coup. Et si l’inspiration n’est pas là, il faut accepter de passer à une autre tâche pour quelques heures, quelques jours afin de revenir sur son modèle l’esprit plus clair.
Dernièrement, où espérez-vous que votre science vous amènera à l’avenir (à court ou long terme) ?
Pour le moment je vois à court terme : je souhaite poursuivre mon parcours de doctorat dans la joie et la bonne humeur pour l’année et demie restante et surtout décrocher mon doctorat ! Après ça j’espère avoir l’occasion de faire un post-doc dans une université étrangère afin de découvrir comment on fait de la recherche ailleurs !
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